Monsieur le Président Directeur Général du Cirad,
En réaction à la destruction de vignes OGM à l’Inra de Colmar, vous avez manifesté par un courrier adressé à la directrice de l’Inra, déposé sur le site web du Cirad et repris dans le n°55 de Graines d’Info (septembre), la solidarité qui lie les PDG des institutions de recherche agronomique françaises. C’est votre droit, sans doute même une nécessité statutaire. Cela ne vous autorise pas pour autant à laisser croire que l’ensemble des agents du Cirad et nos “partenaires” s’associent au contenu, au ton et à la forme que vous employez.
Le dialogue science / société amorcé en Alsace autour de la question des vignes OGM a montré que l’établissement de la confiance est un exercice de longue haleine, jamais définitivement acquis. Nous attendions de la part du PDG d’une institution de recherche publique un peu plus de hauteur de vue. Nous attendions aussi qu’il ne rentre pas dans le piège de l’affrontement verbal. Pensez-vous réellement que l’addition de qualificatifs méprisants -“délinquants de minorité anti-citoyennes”-, et anachroniques -“actes barbares”, “connaissance iniquement amputée”- ou la rhétorique martiale et nationaliste “attaquer la recherche française et par là même notre autonomie et indépendance nationale”, utilisés dans votre courrier, puisse contribuer à restaurer les conditions d’un dialogue sur un tel sujet ?
Des essais, légalement implantés, ont été détruits. Il fallait condamner cet acte, mais dans le même temps organiser la réflexion collective pour comprendre les raisons de l’impuissance des organismes de recherche à crédibiliser leur parole donnée. Nous ne trouvons dans votre intervention, dont nous nous désolidarisons, que stigmatisation et surenchère verbale.
Vous attendez probablement de nous, partenaires syndicaux, que nous nous comportions de façon responsable et constructive. Nous attendons de vous, PDG du Cirad, qu’au sein de notre établissement comme dans sa communication, vous gardiez raison. Ensemble, nous devons créer les conditions du dialogue sur un sujet de société qui mérite sérénité et sérieux, via le comité d’éthique Inra-Cirad entre autres.
Pour les sections syndicales CFDT et CGT du Cirad :
Denis Montange et Ange-Marie Risterucci